Manuscrit

[Lettre autographe signée et datée à Pierre Segond]

Titre [Lettre autographe signée et datée à Pierre Segond]
Auteur Roger-Ducasse, Jean
Responsable(s) secondaire(s)
Segond, Pierre : Destinataire
Type de document 2 p. ; 27 cm
Langue du document Français
Notes Lettre autographe à l'encre bleue, datée du 13 novembre 1939. L'auteur y fait allusion au troisième enfant de Jehan Alain, né en 1939. Ecriture difficile à lire.
"13 nov.
Mon cher ami,
J'étais un peu étonné de n'avoir reçu depuis notre réunion chez Durand, aucunes nouvelles de vous. J'ai d'abord pensé que vous étiez mobilisé, mais j'ai vite écarté cette hypothèse, au souvenir de votre complexion de dragon... [...] Le Conserv. a rouvert ses portes et ses classes à Paris, après s'être promené de Rennes à Nantes, de Nantes à Rennes, en faisant une inutile halte à Fontainebleau, où on s'est aperçu qu'il n'y manquerait que les maîtres et les élèves, ce qui a une certaine importance pour le bon fonctionnement d'une école, même de musique. Tout ce qui ne touchait pas au militaire a connu et connaît encore une gabegie vraiment démocratique. J'ai une élève, Mlle Féjart [?] ne veut plus quitter Bordeaux où elle s'est réfugiée avec ses père et mère et qui l'a entièrement conquise. Martinet est à l'hôpital de [?] pour cause de maladie et non de blessures. Ameler est réformé. Le gros Sautereau est dans une tranchée boueuse, assourdi, m'écrit-il, par le vacarme des canons, des avions et des mitrailleuses. Le pauvre Alain est en première ligne, et ce qui ne s'imposait pas, il vient d'avoir un 3e enfant ! Lavagne est tout au nord, mais chef de musique ; il m'écrit que dans toutes les petites villes qu'il a traversées, il a trouvé des orgues excellentes, ce qui lui a permis de se jouer le choral 45. [...] Imaginez que, pour occuper mon temps, j'avais demandé à Mr le Directeur, de m'autoriser à faire un cours d'explication des textes avec, comme vous vous en doutez, chemins de traverses innombrables : Excellente idée, m'a-t-il répondu : j'en vais parler aux professeurs d'écriture. Ceux-ci ont répondu qu'ils ne voyaient pas la nécessité d'un pareil cours qu'ils pouvaient faire eux-mêmes. Tu parles !! Ah ! les imbéciles et les orgueilleux ! Mais voici plus amusant. Mme la Marquise de Mariave, née Long, à sa première classe, a fait ouvrir les portes sur le couloir, les fenêtres sur la rue et sur la cour, et, après une mesure pour rien, a fait entonner par tous ses élèves, la Marseillaise ! N'est-ce pas magnifique ? Les garçons de classes, secrétaires des deux sexes, dactylos, sténos, concierges, croyant à la venue d'un membre du gouvernement, se précipitent de leur boxe, montent, descendent, gravissent les escaliers, alertent le Directeur, arrivent à la classe de ladite Dame, de l'effet produit par sa patriotique initiative. Qui oserait soutenir que la vie n'est pas belle ? Adieu, je vous laisse sur cette manifestation de franc aloi : à vos moments de loisir, méditez sur la mentalité des hommes... et des femmes. Si vous voyez Wissmer, remerciez-le de sa lettre à laquelle je répondrai bientôt. Affectueusement à vous
R. D."
Oeuvre(s)
ID interne 64318
Cote FPS E 10
PRET EXCLU - Consultation sur demande spéciale (archives@cmg.ch)
Localisation Dépôt extérieur
Notes sur l'ex. Fonds Pierre Segond